Si il y a bien un pays qui tient une place particulière dans le coeur des gamers c’est le Japon, autant pour sa contribution au monde du jeu vidéo que pour tout ce qu’il représente culturellement et avec Rise of the Ronin, le studio Team Ninja ambitionne de nous faire vivre des événements historique cruciaux qui ont façonné le Japon d’aujourd’hui.
Team Ninja, studio qui fêtera bientôt ses 30 ans et à qui on doit des séries classiques comme les Ninja Gaiden et Dead or alive, et plus récemment les nioh et Wo Long: Fallen Dynasty, autant dire qu’aux commandes, on a des spécialistes des jeux où ça tatane fort! Surtout que leur nouveau bébé est beaucoup plus ambitieux que leurs précédentes réalisations et leur légendaire gameplay aussi exigeant que jouissif se retrouve catapulté des couloirs dirigistes à un monde ouvert gigantesque.
Est-ce que le plaisir de trucider tout en finesse ses adversaires en explorant un monde ouvert est toujours au rendez-vous, c’est ce que vous allez découvrir avec ce test.
L’aventure se déroule donc au Japon à la période Bakumatsu (1853–1868) et vous fera vivre une série d’événements inspirés de la réalité qui sont survenus à cette époque et ont amené le Japon à, pour la première fois, s’ouvrir à l’occident. Vous êtes une des deux lames jumelles, deux assassins formés dès leur plus jeune âge à combattre et dont vous pourrez entièrement personnaliser leurs apparences avec un éditeur extrêmement complet.
Après une courte série d’événements, qui vous amènera à choisir l’une de vos deux lames, soit la fille soit le garçon, ce qui n’aura d’incidence que sur l’apparence du personnage, vous serez lâché dans le monde ouvert de la région de Yokohama pour explorer, combattre et surtout participer à des missions qui vous feront rencontrer de nombreuses personnalités légendaires de l’histoire japonaise qui ont marqué leur époque.
Même si on sent que les scénarios complexes avec de nombreux dialogues sont loin d’être la spécialité des développeurs, avec souvent de longues phases de parlote à l’intérêt limité, la période est tellement riche et les personnages intéressant que le jeu arrive à maintenir notre attention et à nous faire prendre du plaisir à suivre son histoire malgré parfois un certains manque de rythme.
Petit bémol, comme beaucoup de ses pairs actuels, le jeu nous offre de multiples choix qui sont censés avoir un impact plus ou moins important sur l’histoire mais qui, dans les faits, n’en ont généralement pas, un ajout dispensable.
Autre point faible, mais c’est plus un ressenti personnel, si l’éditeur de personnage est puissant et agréable à utiliser, j’aurais malgré tout préféré que le personnage ait de vrais dialogues, lorsqu’un choix de dialogue s’offre à nous, le personnage ne parle pas et d’ailleurs parle assez peu, dommage.
Pour la partie technique, soyons direct, c’est médiocre, on sent l’inexpérience du studio dans ce type de jeu et ce à tous les niveaux. D’un point de vue purement technique, comme d’habitude on pourra choisir entre deux modes, soit le mode qualité soit le mode performance. Choix qui n’en est guère un, le mode performance étant au vue du gameplay nerveux et exigeant, la seule option viable, sans parler des effets de Ray tracing à bannir si vous voulez de la fluidité, est à bannir ou au pire à activer pour le mode photo…
Les textures sont floues, parfois dignes de la PS4 (3 ?). Certains effets, comme l’eau, sont affreux et certaines animations ultra rigides. Malgré tout, ces défauts sont, en partie, contrebalancés par des personnages principaux bien modélisés, des animations de combats excellentes, avec du gore jouissif pour les amateurs de démembrements divers, et certains effets de lumières assez jolis.
Le bilan technique est donc plus que mitigé, la finition n’étant pas non plus très bonne, avec son florilège de bugs visuels classiques d’open world, que ce soit des objets qui lévitent, des PNJ qui apparaissent ou disparaissent par magie et autre blocage dans l’environnement. Cependant ces lacunes techniques sont un peu compensées par le plaisir de découvrir les environnements de cette période où le Japon féodal côtoie les influences occidentales et de se retrouver devant certains panoramas qui, même, s’ ils ne sont pas techniquement au niveau sont esthétiquement impressionnant.
Le gros morceau du jeu et où on attend Team Ninja c’est bien évidemment le gameplay aux petits oignons, et là par contre ils ne déçoivent pas. Le jeu est exigeant mais après une phase d’apprentissage et d’adaptation au timing serré des contres et autres esquives, on découvre un gameplay d’une richesse folle.
Déjà par le choix des armes et là il y en a pour tous les goûts, que ce soit évidemment les katanas, la lance ou le naginata, etc mais aussi pour ce qui est des armes à distance ou les traditionnels arcs et shuriken côtoient les fusils et revolvers venus d’occident.
Si le choix est déjà large, à ça il faut rajouter les postures que l’on débloque dans l’aventure, et qui multiplient encore les options offertes au joueur pour pratiquer la découpe de sashimi sur cible mobile. Les postures seront un élément important car elles influenceront directement votre efficacité face à votre cible, certaines postures étant plus fortes contre certaines armes, visibles à l’écran par différents symboles. Le joueur pourra, à tout moment, switcher entre deux ensembles d’armes et modifier sa posture pour optimiser ses aptitudes de machine à tuer.
Une autre grosse partie des combats, c’est la gestion de la barre de Ki, une sorte d’endurance assez limitée en quantité mais rapide à récupérer, qui, à chaque action du joueur, se vide un peu. Il conviendra, évidemment, d’éviter de la laisser se vider entièrement sous peine de punition immédiate, mais la bonne nouvelle, votre adversaire aussi en a une et en utilisant les parades et mouvement spéciaux, vous parviendrez à lui vider sa barre, le laissant vulnérable à un finisher aussi sanglant que jouissif.
Si vous préférez une approche un peu plus subtile, vous pourrez aussi goûter aux joies de la furtivité. Cependant, si une approche discrète pourra s’avérer utile, elle vous fera aussi faire face à un gros point faible du titre, une intelligence artificielle souvent aux fraises. Les moments de bravoure ninja tourneront vite à la comédie la plus absurde au vue des réactions, où plutôt aux manques de réactions de vos ennemis, dommage!
Un gameplay donc assez jouissif, où tout le monde trouvera son plaisir, surtout que les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure plusieurs modes de difficultés et quelques options pour faciliter la vie du joueur qui en auraient besoin.
Sans le prendre par la main pour autant, le mode histoire facilitera les combats pour se concentrer sur le scénario, en restant, tout de même, exigeant.
Tout au long de votre aventure, lors des missions, vous serez souvent amenés à faire équipe avec d’autres personnages. Si leur intelligence artificielle est, comme celle des ennemis, “assez spéciale”, vous pourrez à tout moment prendre contrôle de ses personnages. Un petit plus bienvenu et sympathique qui, au travers de diverses activités, amélioreront les liens qui vous unissent pour vous permettre de glaner de multiples bonus.
Le titre possède également une légère dimension RPG, mais à l’inverse des combats, on y sent un grand manque de maîtrise et un “obligé de faire comme la concurrence”. Que ça soit pour la montée en niveau via l’expérience qui permet, très classiquement, d’améliorer ses statistiques de combat et de remplir un arbre de compétence, dont j’ai trouvé l’utilité contestable.
Ou le loot et l’inventaire absolument atroce, le jeu vous noie sous un raz de marée d’équipements divers et variés, au stats aléatoires, le tout dans un inventaire qui est tout sauf ergonomique, ce qui nous fait ressentir un réel manque de finition.
Le dernier point de gameplay que j’aimerais aborder est le monde ouvert, si il se laisse explorer facilement à dos de cheval, en s’élançant d’une montagne avec un paravoile de ninja où en s’agrippant aux hauteurs grâce au grappin, force est de constater qu’il n’est pas vraiment passionnant à visiter. La faute à la carte assez vide et aux activités répétitives et sans intérêt. En 2024, la prise de camps ennemis et la recherche de collectibles sont quand même très légers et rébarbatifs.
Dernier point du test, le son, si les musiques, au demeurant sympathiques, ne m’ont pas forcément marquées, la disponibilité des excellents dialogues japonais à beaucoup participé à l’immersion, tout comme les sons des armes et de la nature. Dans l’ensemble du bon boulot.
Les points positifs et négatifs:
* Les points positifs:
– Gameplay aux petits oignons, riche et varié
– Découvrir une période du Japon, riche en événements marquants
– Un contenu généreux (comptez une soixantaine d’heure pour le finir à 100%)
– Les doublages japonais
– Une esthétique parfois très belle mais contrebalancée par…
* Les points négatifs:
– … une technique indigne de la PS5, encore plus inadmissible pour une exclusivité
– Monde ouvert très moyen et activités par très intéressantes
– Les lourdeurs de l’interface, inventaire en tête
– L’intelligence artificielle parfois risible
Mon avis personnel et ma note:
En conclusion que dire de ce Rise of the Ronin, si ce n’est qu’on retrouve toute l’expertise et le talent de la Team Ninja pour le gameplay ciselé et exigeant, enfermé dans un monde ouvert à l’intérêt limité et desservi par une technique faiblarde.
Tout n’est pas à jeter pour autant, outre le gameplay de qualité, le jeu nous propose de découvrir une période vraiment passionnante de l’histoire japonaise, de côtoyer des personnages hauts en couleurs dans une ambiance vraiment accrocheuse. Rise of the Ronin aurait pu être un excellent jeu, si certaines mauvaises décisions avait été évitées, monde ouvert en tête, surtout là pour s’inscrire dans l’air du temps, en l’état il reste un bon jeu qui, une fois qu’on accepte ses lacunes, se dévoilent et offre au joueur un contenu généreux, et de bons moments manette en main et c’est ça le principal.
Ma note:
14/20